La transition énergétique quand on travaille dans le Nucléaire

La transition énergétique quand on travaille dans le Nucléaire

A l’air de la campagne présidentielle, jamais le nucléaire n’aura été autant évoqué. Deux axes très clairs se dessinent : d’un côté il y a ceux qui veulent mettre fin au nucléaire au plus vite pour sortir d’un modèle qu’ils disent dévastateur pour la planète, là où d’autres veulent la construction de plusieurs EPR au plus vite après l’élection, peu importe les coûts et les moyens.
Mes proches me demandent alors souvent ce que je pense de ces choix, ce à quoi je réponds qu’il y a toujours un juste milieu à trouver.

Compromis.

Dans les faits, le 31 décembre 2021, la Commission Européenne a présenté un projet de classification des énergies, et le gaz et le nucléaire étaient labélisés Energies Vertes. Sur le gaz, fortement émetteur de CO2 quand il est utilisé, on peut se poser la question de l’influence teutonne sur ce vote… Pour le nucléaire, même si les matières premières sont fossiles, il n’y a aucun rejet de CO2, le questionnement est donc plus ouvert.

En tous cas, cela a été validé en mars 2022 par l’Union Européenne et comme d’ici 2050 il est attendu plus de 9 milliards d’êtres humains sur Terre, il n’y a que le nucléaire qui peut fournir assez de puissance pour alimenter ces foyers..
Cependant, il est bon de ne pas fermer les yeux sur les problèmes qui subsistent autour du nucléaire, l’extraction de l’uranium dans les pays d’Afrique, le transport, l’enrichissement et surtout la gestion des déchets.

Fermer les yeux, c’est refuser de trouver toujours plus de solutions.

Au cœur de cette campagne et de ces débats sur le nucléaire, une nouvelle énergie fait parler d’elle, il s’agit de l’Hydrogène.
Nous n’allons pas ici traiter du sujet dans son ensemble car ce serait bien trop long mais il est intéressant de porter une regard « macro » sur ce sujet qui va prendre de plus en plus de place dans le débat énergétique.

En vérité, l’hydrogène n’est pas une nouvelle énergie et il est simple à produire. En effet, même si d’autres procédés existent, l’hydrogène est principalement créé par électrolyse qui a le défaut de consommer beaucoup d’énergie.

On produit de l’hydrogène depuis bien longtemps mais c’est de « l’hydrogène gris ». Gris car l’énergie primaire utilisée pour alimenter les procédés de fabrication consomme des énergies fossiles productrices de CO2 (essentiellement gaz, charbon ou pétrole). Un besoin d’énergie élevé + des énergies « sales » = de l’hydrogène gris. C’est vraiment dommage car la consommation d’hydrogène, elle, ne relâche que de l’eau dans la nature. C’est également une énergie stockable et transportable facilement sans risque, ce qui fait défaut à toutes les autres énergies.

L’hydrogène se positionne donc comme alternative aux véhicules électriques dont les batteries qui polluent autant lors de leur fabrication que lors de leur retraitement en fin de vie.

Le secteur de l’hydrogène est en pleine explosion en France et en Europe, avec des sociétés comme Air Liquide ou Hydrogène de France. Les équipementiers automobiles comme Michelin ont tablé sur la création de 75 nouvelles branches « métier » dans le secteur de l’hydrogène, dont 15 sont déjà tendues, nécessitant la création d’écoles par Michelin pour former les gens à ce sujet.

Mais il reste à développer la filière de l’hydrogène vert. On l’a dit plus haut, les électrolyseurs consomment énormément d’énergie, alors pourquoi ne pas installer des industries aux abords de nos centrales nucléaires « vertes » pour encore plus équilibrer notre balance énergétique ?

Et c’est un projet en cours dans des centrales comme Flamanville 3. Le déploiement d’électrolyseur avance, cette énergie ne génèrera aucune émission de Co2 : Nucléaire 0 émission de CO2 + Hydrogène vert dans notre industrie qui rejette 0 CO0 = la tête à Toto. Vous vouliez décarboner massivement la planète ?

Alors quand mes amis me posent la question sur le nucléaire, je leur réponds “Hydrogène vert !”. Quand on parle de réduire l’impact du nucléaire en arrêtant les centrales, je réponds “Folie !”, on casserait le potentiel de production d’hydrogène vert.
Trouver de nouvelles solutions face aux problématiques énergétiques de demain, c’est sortir des dogmes, c’est mettre en place des compromis et voir les problématiques de manière holistique.

Elle est là, la solution de demain.