Ingénieur système : le métier que j’ai découvert par hasard, mais choisi avec conviction
Il existe sûrement autant de définitions de l’ingénierie système qu’on compte d’ingénieurs systèmes mis en défaut par la fatale question…
« Et ça consiste en quoi l’ingénierie système ? ».
Le sujet est vaste et après une paire d’années de pratique de la discipline, je ne suis pas encore tiré d’affaire… Chaque expérience offre un nouveau point de vue, répond à un tout autre contexte, fait appel à des ressources différentes. Généralement l’interlocuteur ne dispose pas du quart d’heure ou de la patience nécessaire à pleinement s’enquérir de ma vision nuancée.
Je préfère alors esquiver la pente glissante, pour ramener la conversation vers un thème plus proche de mon quotidien, d’un vécu de projet. Il s’agit du métier que je pratique avec enthousiasme chez AXONE, où je dispose d’un cadre idéal pour construire mon identité professionnelle : ingénieur système.
Au début de ma première mission en 2018, je n’avais pas encore toutes les billes pour m’en rendre compte. Après un cursus d’ingénieur généraliste à l’ECAM Lyon, je disposais d’un bagage technique ouvrant des portes sur de nombreux secteurs de l’industrie. Plutôt touche-à-tout, mais conscient des limites de mon expérience en tant qu’étudiant, j’avais surtout envie de découvrir un maximum de savoir-faire avant de m’engager plus sérieusement dans une voie. Un facteur de décision était aussi ce besoin que mon travail ait « un impact ». Un anglicisme qui revient souvent parmi les sources de motivation des diplômés de ma génération. Je pense qu’il traduit ce sentiment de jouer un rôle significatif dans l’époque charnière que nous vivons, où chaque progrès technique est engageant et est porteur de valeurs, d’un modèle de société. Dans mon référentiel d’étudiant, avoir cet impact était un des critères principaux.
Un stage de fin d’études portant notamment sur l’installation nucléaire CIGEO fut une plongée dans le bain des grands projets industriels, côté études pour le maître d’œuvre système. Cette immersion fut l’opportunité d’être formé sur le terrain par les collaborateurs AXONE détachés sur le projet, et de fil en aiguille d’y décrocher un premier emploi. CIGEO est un projet de complexe souterrain portant l’ambition de sceller précautionneusement les déchets ultimes de l’industrie nucléaire française dans un couche géologique propice. Entreprise à forts enjeux opérationnels, passionnante au regard des sciences et technologies, la dimension organisationnelle de ce mastodonte représente aussi une de ses sources d’intérêt.
Être ingénieur système pour CIGEO, cela signifiait être au carrefour d’une organisation impliquant de nombreux intervenants et de multiples choix. Cela passait par le traitement du besoin technique raffiné en exigences méticuleusement suivies, par la collaboration avec de nombreux experts techniques (génie civil, organisation industrielle, sûreté nucléaire, environnement, … j’en passe) afin de mettre en lumière leur travail au regard de ce besoin. Cela consistait également à dépenser de l’adéquate énergie pour maintenir la cohérence du flot de données techniques détaillées afin de les synthétiser de manière tangible à l’échelle de l’installation, et de son exploitation, tout au long du cycle de vie. C’était l’occasion rêvée d’être engagé pleinement dans la construction d’une solution optimale et raisonnée ─ et enfin plus que de montrer une confiance aveugle dans les résultats, d’être capable de la challenger et de la mettre à portée de jugement.
Pour donner un autre exemple, avant d’écrire cet article, j’ai pu vivre une autre expérience sur le projet EPR2, modèle optimisé et standardisé destiné à remplacer l’EPR sur le même marché. En contribuant à consolider l’architecture fonctionnelle et le pilotage des processus d’ingénierie système à l’œuvre, j’ai pu participer à structurer et ainsi rendre lisibles les besoins enchevêtrés. C’est une condition impérative pour mener à bien la collaboration entre les nombreux experts dont dépend la maîtrise de ce système stratégique.
L’ingénierie système en tant que théorie peut être envisagée comme un outil d’optimisation, une logique très générale ou un dopant opérationnel. Le terrain révèle qu’elle est un atout décisif pour révéler les causes et le bienfondé de nos entreprises. J’ai hâte de rejoindre de nouvelles aventures humaines et techniques afin de livrer cette bataille qui m’est chère : la maîtrise du sens, dont l’impact est bien réel !