Unsung Hero

Unsung Hero

Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler des Unsung Heroes. Mon passé de sportif de haut niveau a peut-être quelque chose à voir là-dedans…

Autrefois, tous les lundis, à la fin des entrainements de Football Américain, nous organisions les « Awards » pour désigner les éléments clés du match précédent. Il y avait le MVP (Most View Player), le Game Breaker (Celui qui fait basculer le match) et, celui qui à mon sens détrônait tous les autres, le Unsung Hero (celui qui agît dans l’ombre).

Le Unsung Hero incarne en quelques sortes le mérite invisible. C’est celui qui participe à toutes les actions sans être sous les feux de la rampe : il aide le MVP à prendre l’avantage et à briller, il soutient le Game Breaker dans sa tactique de jeu et il conduit, mine de rien, toute l’équipe vers la victoire.

Cette stratégie, attitude ou même philosophie implique de se détourner de son individualisme dans l’intérêt de l’équipe ou de la société pour créer un espace plus grand, un terrain de transmission et un partage de connaissances.

Quand je regarde le monde aujourd’hui, que ce soit en 3 dimensions ou à travers les réseaux, je trouve qu’il n’y a pas assez de Unsung Heroes. Oui, si vous prenez un moment pour scanner votre environnement, honnêtement combien de Unsung Heroes pouvez-vous lister ?

Et la tendance se situe plutôt de l’autre côté : tout le monde s’empresse d’étaler sur la toile ou de crier haut et fort dès qu’il est courageux, bienveillant, généreux et j’en passe.

Alors oui, c’est agréable d’être un MVP ou un Game Breaker… mais tout ceci est très éphémère. En fin de compte, le Unsung Hero a sans doute plus d’influence positive parce qu’il fournit une aide constante et de l’énergie tout au long de sa mission.

« Et après ? Que reste-t-il comme héritage, comme empreinte, comme histoire ? »

Lorsque nous avons de l’influence, nous sommes en droit de s’interroger sur ce que nous laisserons derrière nous. Et ce d’autant plus si vous possédez un large réseau, si vous exercez du pouvoir ou bénéficiez d’une grande notoriété publique… parce que le rayonnement de vos actions est d’autant plus étendu !

Je pense sincèrement qu’un bienfaiteur anonyme peut détrôner un groupe de célébrités sans création de valeur (autre que financière). Mais la renommée a sa vertu car elle est vectrice d’actions, de communication et donc « d’inspiration ». Si la démarche est positive, il faut savoir utiliser cet effet « boule de neige ». C’est pourquoi le fait d’être sur le devant de la scène doit être utilisée pour servir des desseins plus étendus.

Malheureusement, dans ce monde de supra-communication, je ne suis pas certain que la notion « d’utilité » ou de « partage utile » soit au centre des préoccupations de cette majorité qui aimerait « compter ».

Et paradoxalement, ceux qui travaillent dans l’ombre n’ont généralement pas cette appétence pour la lumière… On ne les entend pas, on ne les voit pas et si le coup de projecteur ne vient pas de quelqu’un d’autre, on ne parle pas souvent d’eux.

Personnellement, je ne pense pas ce que je deviendrai célèbre un jour ou alors ce sera malgré moi. Je ne sais pas si ce que j’ai à apporter est réellement « utile » mais, une chose est sûre, ce que je connais, et qui est différent, je le partage avec qui veut le recevoir. Cela peut paraître insignifiant mais la transmission et le partage ont plus de valeur que la « fortune » d’un capitaine d’industrie ou que le code promo d’un influenceur à plus de 500k d’abonnés.

Il faut revenir à cette notion « d’économie de la connaissance que beaucoup, comme Idriss Aberkane, ont déjà développée. Pour rappel, elle part du constat que nous vivons dans un monde d’économie linéaire, basée sur des échanges de biens et de ressources limités dans l’espace et le temps.

Exemple 1 : si je commercialise du papier, un jour ou l’autre la surexploitation des ressources naturelles pour le produire sera limitée. Comme sur le plan de l’espace, quand j’aurai fourni toute ma région en papier et que le marché sera saturé les limites de ma croissance seront atteintes.

Ce phénomène n’a pas lieu dans « l’économie de la connaissance » car chaque découverte, chaque apprentissage permet d’entrouvrir d’autres portes. Si je partage mes idées et mes approches issues de mon vécu ou de mon savoir (qu’il soit large ou expert) avec quelqu’un qui a son propre capital de transmission, nous allons créer une mécanique exponentielle illimitée.

Tout cela peut paraître abstrait et le lien avec les anonymes, l’influence ou la célébrité peut sembler complexe mais pas du tout ! Tout autour de nous, il y a des sources de savoir peu ou mal exploitées. Pour partager un savoir, il faut déjà être conscient de sa présence. Et pour qu’il bénéficie au plus grand nombre et qu’il alimente cette économie de la connaissance, il faut l’associer au « faire-savoir ».

Exemple 2 : Prenez une PME, véritable creuset générateur de partage et de montée en compétences, avec un savoir-faire particulier ou une expertise. La proximité, le besoin de rendre les collaborateurs « couteau-suisse », la nécessité de faire confiance, le regard bienveillant du dirigeant sur ceux qui l’aident à faire évoluer son modèle… Tout ceci engendre le partage de ce savoir.

Mais soit les dirigeants n’en ont pas conscience, soit ils ne savent pas comment le faire savoir ou n’ont pas les moyens de le valoriser pour atteindre la même surface médiatique qu’un grand groupe.

En France, quand une PME veut travailler avec un très « géant », il faut qu’elle passe par les référencements et, comme elle n’a pas la taille « critique » ou les reins assez solides, on la pousse à monter un groupement avec un « plus gros » (celui qui est déjà connu, donc qui a de l’influence.)

Alors le plus grand mène la danse, défend naturellement ses intérêts en premier et prend au passage un mark-up à la PME. Un mark-up qui n’augmentera pas la rentabilité de la PME et qui ne l’aidera pas à gagner en surface d’influence alors qu’elle est fortement génératrice de partage du savoir.

Et voilà, je viens de vous présenter un autre exemple d’anonyme qui compte…

Cet article n’a pas pour but de museler les Instagrameurs, les grands de l’industriel, les célébrités ou les polémistes car l’espace de liberté d’expression doit être partagé au nom de la diversité.

Mon propos porte surtout sur le fait qu’au milieu de tout ce brouhaha, il y a des voix ou des silences qu’il faut entendre à défaut de les écouter. Qu’au milieu de toute cette agitation, il y a des actions qu’il faut remarquer à défaut de les saluer. Que derrière toutes ces oppositions, il y a des postures qu’il faut considérer à défaut de les adopter. Et même si tout cela est porté par des anonymes très discrets, cela compte car, sans rien dire, ils changeront certainement le monde plus profondément que d’autres…

Sébastien Romieu
Président Fondateur – CEO Founder