Le Cœur et la Raison
Nos actions et notre investissement dans tout ce que l’on fait, que ce soit professionnel ou personnel, sont bien souvent guidés par le Cœur. Le Cœur en est même le moteur. C’est un moteur qui fonctionne parce qu’il est motivé par l’intérêt personnel ou collectif et par nos propres convictions pour atteindre un résultat. Celui qu’on s’est fixé où celui que l’on nous a fixé mais que l’on partage.
Mais que serait le Cœur sans la Raison ? Comme le dit Blaise Pascal, « le Cœur a ses raisons que la Raison ne connait point ; on le sait en mille choses ». Il y a évidemment une perception subjective derrière cette maxime philosophique, une appréciation propre à chacun selon sa sensibilité, son éducation et sa propre vision de son engagement. La Raison permet souvent de plier pour se conformer à ce qu’on attend de nous. La Raison évite bien souvent les égarements de comportement ou de pensée. Elle canalise.
Mais de quelle Raison parlons-nous ? Est-ce la Raison du plus fort qui nous contraint à rester dans les « clous » ou est-ce la Raison qui nous amène à la prise de recul pour décider avec sagesse ?
Doit-on choisir entre le Cœur et la Raison ? Chacun a bien sûr son opinion qu’il est prêt à défendre avec plus ou moins de virulence et d’objectivité.
En effet, le Cœur, à l’opposé de la Raison, est une intuition ou un sentiment qui seul, sans démonstration, permet de croire en la vérité de certaines choses. Mais si c’est sans démonstration alors par quel mécanisme ? La foi ? La confiance ? L’idéal ?
Il faudrait donc sortir de notre zone de confort rationnelle pour nous ouvrir au mystérieux en écoutant nos sentiments et nos intuitions ! Et la Raison ne devrait être que « mathématique », implacable et sans Cœur.
Mais quelle serait l’efficacité de l’action sans rigueur et sans organisation ? Quel bénéfice le Cœur pourrait tirer parti sans la Raison ?
Pour rester dans l’épisode actuel du COVID-19, il a fallu résister à l’« agression ». Les entreprises ont souffert parce que les clients étaient contraints par Raison, nous a-t-on dit. Il fallait protéger les gens de la mort et s’eut été contre le Cœur de ne pas confiner. Le Cœur aurait néanmoins pu s’exprimer autrement que par des applaudissements aux personnels en première ligne. Combien d’entreprises vont mourir par Raison ? Les gestionnaires de cette crise n’auraient donc pas eu de Cœur ?
La route vers l’Enfer est souvent pavée de bonnes intentions. C’est l’exemple d’un cas concret d’application de l’un sans l’autre. Les deux doivent demeurer indissociables. La maîtrise du Cœur et de la Raison fait la différence entre les sociétés technocratiques et les sociétés humaines.
Le télétravail forcé a isolé. Il a distendu la relation entre les membres d’une même société mais aussi les relations entre les entreprises et leurs clients.
Les entreprises se doivent d’être ouverts au débat et à la discussion, d’être à l’écoute de leurs clients, de leurs salariés, sans parti pris, sans a priori, mais avec sérieux et recul ; Le sérieux et le recul nécessaires pour rester dans la légalité et la réalité financière (la Raison) et pour rester en capacité de dire les vérités sans peur du jugement pour avancer (le Cœur). Les entreprises qui auront réussi à maîtriser le Cœur et la Raison dans l’intérêt des deux parties (entreprises et clients) seront celles qui auront compris les enjeux de demain et seront couronnées de succès. Les autres entreprises, celles qui n’auront pas tirer des leçons, seront condamnées à errer dans un espace d’incompréhension tant par leurs propres salariés que par les autres entreprises avec qui elles étaient en relations. Il faut arriver à reprendre un état conscient et transcender les intérêts personnels pour porter un projet ambitieux – celui de redresser l’industrie française. Mais là, c’est le Cœur qui parle.