Du Bitcoin aux Systèmes Complexes, la Blockchain et ses applications au sein du Soutien Logistique Intégré, de la Sûreté Nucléaire et de la Sûreté de Fonctionnement.
Mise sur les devants de la scène par les frasques du Bitcoin, réprimée par les Banques Centrales et encouragée par la culture d’Internet, la blockchain est aujourd’hui indissociable de l’actif numérique des entreprises.
Mais au-delà d’une tentative de révolution du monde de la finance, la blockchain est une technologie à part entière, avec des applications de plus en plus fréquentes dans de nombreux domaines tels que le médical, les télécommunications et surtout l’industrie.
La blockchain permet le stockage et la transmission d’informations de façon transparente et sécurisée, de façon autonome, sans organe de contrôle. C’est une base de données qui contient l’historique de toutes les opérations effectuées entre ses utilisateurs depuis sa création. Sécurisée et distribuée, tout le monde peut écrire sur une blockchain mais elle est impossible à falsifier, effacer, détruire.
Le Soutien Logistique Intégré permet de prévoir à l’avance les opérations de maintenance, comprenant entre autres les outillages spécifiques nécessaires à ces opérations, les formations du personnel à l’utilisation des équipements, le stockage des équipements ou encore la gestion des pièces détachées.
Ce sont des dossiers massifs contenant des informations cruciales à la bonne exploitation des installations et des produits, de leurs études à leur retrait de service, sur des durées de vie pouvant aller à plusieurs dizaines d’années. Comment s’assurer de ne perdre alors aucune information ?
La blockchain permet de stocker l’ensemble de ces données, de les rendre accessibles à l’ensemble des opérateurs, partout dans le monde sur un réseau infalsifiable et indestructible, permettant de tracer chaque opération de maintenance, chaque état des stocks à l’instant T et de remonter l’intégralité des opérations depuis le début du projet afin de savoir quel opérateur est intervenu à quel moment et avec quel outil.
Sur des projets sensibles, une blockchain peut être privée, limiter son accès à un groupe de personnes défini, ou encore crypter ses données, rendant ses accès impossibles à tout utilisateur externe.
Aujourd’hui, cette technologie a fait ses preuves dans le milieu industriel et la phase d’adoption par de nombreuses entreprises est déjà dépassée depuis longtemps pour donner vie à des projets concrets :
– Renault et son projet XCEED (eXtended Compliance End to End Distributed) en collaboration avec IBM qui permet de certifier la conformité des composants de leurs véhicules.
– Thales avec le développement de sa blockchain pour le projet « Cargo Community System » qui permet le suivi des marchandises et des stocks au sein du port de Marseille-Fos.
La Sûreté Nucléaire est entourée par de nombreuses réglementations et de justifications à apporter sur des centrales à l’ingénierie complexe avec des durées de vie parfois supérieures à 50 ans. La blockchain devient alors une solution naturelle pour l’archivage de cette documentation.
Cette technique permet d’avoir accès à ces archives depuis l’intérieur du système mais aussi depuis l’extérieur pour les fournisseurs. Elle permet de garantir la véracité et l‘inviolabilité de la documentation sensible, comme le témoigne l’entreprise argentine Nuclearis qui fabrique de nombreux équipements pour les centrales nucléaires.
Au-delà de la documentation, la Sureté Nucléaire met en avant des processus contraignants de fabrication et de suivi.
Un projet de fabrication embarquant du nucléaire implique des essais de validité sur les matériaux pour s’assurer de la conformité des pièces fabriquées. Les projets nucléaires portent toujours des traces d’irrégularités nécessitant d’importants travaux de traçage et de vérification, avec les documentations de justifications et les études préliminaires.
La blockchain permettrait alors naturellement de mettre en place une base de données rendant possible la traçabilité de tous les acteurs et de tous les essais portés pour justifier de la bonne tenue des normes et exigences des clients.
EDF possède un groupe d’ingénieurs qui travaille depuis plusieurs années déjà sur les utilisations et les applications de la blockchain dans le domaine énergétique. Aujourd’hui, le numéro un du nucléaire en France a bien assimilé les applications intelligentes d’une telle technologie et la met déjà en œuvre dans ses domaines du transport et de l’énergie avec un investissement conséquent.
A une échelle moins contraignante mais non moins exigeante, la Sûreté de Fonctionnement possède les mêmes attentes que la Sûreté Nucléaire.
La Sûreté de Fonctionnement, comme la Sureté Nucléaire, se doit d’intervenir au plus tôt dans la création d’un projet, pour s’assurer de la bonne mise en place des bonnes pratiques des barrières de sûreté pour les biens et les personnes concernés directement ou indirectement par le système étudié.
Se pose donc à nouveau le questionnement du suivi des exigences et de la qualification des éléments, de la justification de la conformité du système et de l’archivage de la documentation, de façon sécurisée et simple d’accès.
Mais cette solution n’est-elle pas trop belle pour être vraie ? En vérité, la blockchain possède aujourd’hui des désavantages à l’utilisation. Souvent elle nécessite de connaitre son langage de programmation propre, de former les utilisateurs, ou simplement de la faire accepter dans un projet avec la réputation sulfureuse du Bitcoin qui l’accompagne.
« From Magic Internet Money to a global Revolution ».
A sa création, le bitcoin était vu comme une vaste blague, ou au mieux une bulle financière. Cependant, la blockchain est un outil puissant, utilisé depuis plus de 10 ans par de grands groupes et implémenté dans de plus en plus de domaines.
Son champ d’application est infini et peut alors rendre la gestion et le suivi de systèmes complexes sur des sujets aussi sensibles que la sûreté nucléaire plus efficace.
Aujourd’hui, ce sont des groupes comme Tesla, Thales ou encore la NASA qui croient en cette révolution.